Les indemnités des grands patrons créent la polémique

Publié le par luisa.benbouzid@wanadoo.fr

PARIS (AFP) 19:31 

"Parachutes en or" pour les ex-PDG d'EADS et d'Alcatel, distribution d'actions gratuites pour le président d'Eiffage: même si d'une entreprise à l'autre les performances divergent, les rémunérations des grands patrons créent de nouveau la polémique.

Un document destiné aux actionnaires d'EADS a révélé ainsi que Noël Forgeard, ancien coprésident exécutif du groupe et ex-PDG d'Airbus, a touché plus de 6 millions d'euros lors de son départ en 2006, ainsi qu'une prime de non-concurrence de 2,4 M EUR. Des rémunérations, selon EADS, prévues dans son contrat de travail.

Mais au moment où les salariés de l'avionneur européen sont sous le coup du plan de restructuration "Power8" et de la suppression de 10.000 emplois, cette révélation a provoqué la colère des syndicats.

"Nous allons demander à Louis Gallois (actuel président d'Airbus) de nous expliquer comment on peut nous infliger Power8 et nous demander de l'autre côté d'accepter cela", a déclaré à l'AFP Jean-François Knepper, délégué syndical FO (majoritaire) et vice-président du comité européen d'Airbus.

M. Forgeard avait dû quitter son poste un an après sa prise de fonctions, après l'annonce de retards du programme A380 qui avaient fait dégringoler le titre EADS et provoqué une grave crise industrielle et de management.

La candidate du PS Ségolène Royal a qualifié de "scandale" ces indemnités et demandé le retrait du plan Power8, tandis que Marie-George Buffet (PC) a évoqué une "prime au mauvais patron".

De son côté, le président de l'Assemblée nationale Patrick Ollier (UMP) s'est dit "indigné", estimant que la prochaine législature devra légiférer pour éviter de tels "excès".

Autre cas qui a suscité mercredi l'indignation des syndicats, celui de Serge Tchuruk. L'ex-PDG d'Alcatel a gagné 8,2 millions d'euros en 2006, dont une indemnité de départ de 5,67 millions après l'abandon de ses fonctions exécutives chez l'équipementier français en télécommunications.

Le titre n'a guère brillé pourtant depuis son arrivée à la tête d'Alcatel en mai 1995, chutant de 13,8 euros à un peu plus de 9 euros début avril 2006, date de l'annonce du rapprochement avec Lucent.

Quant au nouveau groupe Alcatel-Lucent, dont M. Tchuruk continue de présider le conseil d'administration, il a annoncé en février la suppression de 12.500 emplois, dont 1.468 en France.

Dans une note, le député UMP Jacques Kossowski et l'économiste Jacques Marseille estiment que les "parachutes dorés" et les "retraites chapeau continuent de scandaliser l'opinion parce qu'elles font apparaître l'absence de lien entre la rémunération du dirigeant et la performance de l'entreprise".

La vague d'indignations déjà suscitée en 2005 par les indemnités de départ de 38 millions d'euros de l'ex-PDG de Carrefour Daniel Bernard avait entraîné l'adoption de la loi "Breton". Pour plus de transparence, les rémunérations des dirigeants doivent désormais être détaillées dans les documents envoyés aux actionnaires.

Reste le cas d'Eiffage. Contrairement à EADS et à Alcatel-Lucent, le groupe de BTP français se porte bien et suscite même les convoitises. Le cours de Bourse a gagné plus de 60% depuis le 1er janvier.

Son président Jean-François Roverato a dû s'expliquer néanmoins mercredi sur les 195.000 actions gratuites reçues au titre de 2005 et 2006, soit plus de 23 millions d'euros au cours de clôture de mardi (118 euros).

Interrogé par Les Echos, M. Roverato a estimé que ces actions représentaient "deux millièmes du capital d'Eiffage". "Pour 20 ans à sa tête", cela "me semble loin d'être excessif", a-t-il ajouté.
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